Compte-tenu des événements des derniers jours, et des fausses informations qui circulent dans le village et ailleurs, il me semble nécessaire de vous faire part des données dont dispose à ce jour la commune de Pralognan-la-Vanoise sur la patinoire olympique, mais aussi des enjeux de ce dossier.
J’en appelle, dès maintenant, au bon sens de tous, à la prise de recul nécessaire pour appréhender ce dossier.
Dès sa création en 1990, la patinoire a fortement impacté les finances communales, avec à l’époque une mise sous tutelle de la chambre régionale des comptes et une hausse importante des impôts locaux. Depuis le 1er décembre 2017, la commune a confié à la SAS Aqu’ice l’exploitation et la gestion du centre aqualudique, de la patinoire, de l’espace bien-être, du bar-bowling, du camping « le chamois » et des installations annexes. Ce contrat de DSP arrive à échéance le 30 novembre 2023, et la commune a l’obligation de relancer une procédure de consultation pour assurer la continuité de ces équipements à travers une délégation de service public. Dans ce contexte, la question de la pertinence de maintenir en exploitation notre patinoire s’est imposée à l’équipe municipale, et ce pour plusieurs raisons.
Comme toutes les patinoires, celle de Pralognan est une infrastructure déficitaire depuis sa construction. Chaque année, la commune doit reverser à la SAS Aqu’ice une contribution d’équilibre à hauteur de 340 000€ sur la durée du contrat, pour compenser le déficit de certains équipements. La patinoire génère à elle seule la moitié de ce déficit, mais permet aux associations locales d’accéder gratuitement à la glace (pour un volume total de 700 heures par an). Sur la base des chiffres de l’année 2019 (avant la Covid), la patinoire générait 326 000€ de dépenses pour 156 000€ de recettes, soit un déficit annuel de 170 000€. Malheureusement, ce déficit va s’aggraver dès 2023/2024 pour deux raisons principales :
- La hausse des coûts de l’énergie, à hauteur de 50 % en 2023, ce qui représente environ 30 000€
- La facturation de l’eau en lien avec le transfert de la compétence à Val Vanoise au 1er janvier 2024. La patinoire consomme une grande quantité d’eau, entre 20 000 et 30 000 m3 par an, cette consommation représente un coût estimé d’environ 100 000€.
Ces deux facteurs vont faire passer le déficit annuel de la patinoire de 170 000€ à environ 300 000€, sans aucune recette supplémentaire pour compenser, et sans prendre en compte l’augmentation de la masse salariale.
Parallèlement, la patinoire ne pourra plus continuer à être exploitée en l’état dans un avenir proche pour différentes raisons :
- La dalle froide, les compresseurs et la surfaceuse sont en fin de vie. Leur changement devient impératif.
- La réglementation sur les fluides frigorigènes a évolué récemment et impose le changement du fluide avant 2030.
- La balustrade n’est plus aux normes. L’exploitation de la patinoire est soumise chaque année à une dérogation des fédérations. Pour combien de temps ?
- L’éclairage et la sonorisation de la patinoire sont d’un autre âge, ils doivent être mis au goût du jour.
L’ensemble de ces travaux feront l’objet d’investissements très lourds que devra supporter en partie la collectivité.
La patinoire, déjà déficitaire, voit donc son déficit largement accentué et doit impérativement être rénovée pour continuer à être exploitée. Mais à quel prix ? Une hausse significative des impôts ? Une coupe franche dans le budget de fonctionnement et d’investissements de la commune ? La crise sanitaire a laissé des traces sur les finances communales pendant les deux années de Covid. Le plan d’investissements de la commune est contraint et l’équipe municipale ne peut pas mettre de côté tous les investissements nécessaires pour le village : entretien de la voirie, changement de l’éclairage public, entretien des bâtiments communaux, sécurisation du groupe scolaire, rénovation du bâtiment de la cure, aménagements de logements saisonniers, exploitation forestière, augmenter la subvention de l’Office de Tourisme afin de muscler sa stratégie touristique et commerciale. Par ailleurs, Pralognan-la-Vanoise doit se préparer au changement nécessaire d’une de ses remontées mécaniques structurantes, le télésiège de l’Edelweiss. La commune doit soutenir la SOGESPRAL dans cet investissement, capital pour le domaine skiable mais aussi pour l’ensemble des activités hivernales et estivales. C’est une priorité majeure pour tout l’écosystème pralognanais.
L’ensemble de ces éléments a amené l’équipe municipale à réfléchir à une reconversion possible de la patinoire. Cette reconversion ne signera pas la fin des activités de hockey et de patinage. Le territoire de Val Vanoise compte deux autres patinoires, sur lesquelles les enfants des clubs vont d’ailleurs régulièrement s’entraîner. Ce projet offre par contre à toutes et à tous la possibilité d’imaginer d’autres activités pour les habitants et pour les touristes, à décliner sur les quatre saisons. L’équipe municipale serait d’ailleurs ravie de co-construire cet espace en recueillant vos avis et propositions lors d’une prochaine consultation.
Vous l’avez compris, il s’agit bien d’un arbitrage fort qui va bien au-delà de l’intérêt de maintenir ou pas la patinoire dans le périmètre de la future délégation, mais bien des enjeux d’aménagement du village station et de son développement, en premier lieu, l’absolue nécessité de remplacer à l’horizon 2025/2026 le télésiège de l’Edelweiss.
Il serait irresponsable de traiter le dossier sur la forme et non sur le fond.
Investir sur un équipement déficitaire et énergivore, avec le risque de voir d’autres projets structurants ne pas aboutir et fragiliser l’ensemble de l’écosystème, n’est pas le choix que je porte avec une partie de l’équipe municipale, car nous devons construire ensemble le Pralognan de demain.
Jean-Pierre FAVRE,
Maire de Pralognan-la-Vanoise